Et si le fait de voir la mer pour la première fois, de pratiquer des activités nautiques en groupe, d’apprendre à nager, de faire du bénévolat ou de participer à un projet environnemental avait un impact même minime dans la vie des jeunes Marseillais issus des quartiers prioritaires ? Si c’était la première goutte à tomber dans un océan de possibles ? De la ville à la mer est une action solidaire qui emmène 1000 jeunes de Marseille à la mer. Son objectif ultime ? Offrir un déclic, donner un coup de pouce.
À l’origine du projet : une envie et une intuition. Celles d’éducateurs de l’UCPA qui veulent aller plus loin, faire plus. Déjà engagés dans les quartiers marseillais autour de la glisse urbaine, ces éducateurs ont la conviction que cela ne suffit pas. Les jeunes ont besoin d’air : sortir de leur quotidien, se prendre à rêver et se responsabiliser. Ils ont besoin de voir la mer.
La base nautique de la Pointe Rouge devient leur nouveau point de ralliement. Chaque semaine, d’avril à octobre, les moniteurs UCPA y encadrent 30 jeunes. Ils leur font découvrir des activités nautiques variées le temps d’une journée ou d’une semaine : kayak, paddle, voile, secourisme en mer et plongée… Certains jeunes participent aussi à des actions de sensibilisation et de protection de l’environnement.
De la ville à la mer repose sur la mobilisation sans faille de 15 partenaires issus du tissu associatif local qui identifient et inscrivent les jeunes aux activités encadrées par l’UCPA.
1/ Un tremplin pour sortir de chez soi
Françoise, coordinatrice bénévole des Restos du Cœur des Bouches-du-Rhône, a inscrit 119 jeunes cet été. L’UCPA leur attribue des places en mai pour des initiations aux activités aquatiques d’une journée ou d’une semaine. Chaque référent des 12 centres de distribution des Restos à Marseille identifie des enfants de 6 à 17 ans. 12 enfants et 2 accompagnateurs peuvent partir à la journée. C’est avant tout une relation de confiance avec les bénévoles.
Sortir de chez eux. Ne plus être avec la famille. Ce dispositif offre un espace de liberté aux enfants qui ne partent pas ou peu en vacances. Certains n’ont même jamais été à la mer avec leur famille. L’enjeu pour nous est de rassurer les familles pour qu’elles laissent partir les enfants malgré les freins liés à la mobilité sur le territoire et au fait que certains ne savent pas nager.
La maman de Djoumana, 13 ans, travaille tout l’été. C’est Rachel, référente au Centre de distribution des Restos du Cœur de la Barasse, qui lui parle du dispositif en 2019 et lui propose d’y inscrire ses enfants. Elle accepte, ravie qu’ils puissent sortir pour les vacances. Djoumana n’a pas trop envie d’y aller. Elle ne sait pas encore nager et ça lui fait un peu peur. La première journée d’initiation de paddle géant et de kayak se passe assez bien et plutôt vite. Elle apprend à nager le mois suivant et retourne alors régulièrement avec son frère jumeau à la Pointe Rouge : une journée chaque été et une semaine pendant les vacances de la Toussaint depuis 2019.
Il n'y a pas de peurs ou de craintes à avoir, les moniteurs expliquent très bien les règles avant l’activité et on porte tous des gilets de sauvetage. Le plus important, c’est de profiter même si on a un peu froid, surtout en octobre. J’ai déjà testé plusieurs fois toutes les activités, maintenant je me sens vraiment à l’aise. J’ai adoré l'optimist et le surf. Et ce qui me plaît aussi, c’est que si l’on veut avoir de l’autonomie, on peut. Les moniteurs nous font confiance et nous laissent expliquer et rassurer les plus jeunes. Maintenant, j’aimerai bien essayer la planche à voile.
Mais c’est sa semaine en octobre 2020, après les longs mois de confinement, qui a été la plus marquante. Pour Djoumana, c’était une semaine parfaite où elle s’est fait beaucoup d’amis et a profité de chaque moment.
2/ Un tremplin pour s’engager
Cette action est importante parce qu’elle donne leur chance à des jeunes à qui personne ne donne jamais l’opportunité d’apprendre ou de découvrir de nouvelles choses.
Manon a 21 ans et aimerait exercer un métier dans les ressources humaines. Très motivée, elle a participé à plusieurs reprises à une journée de ramassage des déchets proposée par son école de la deuxième Chance et l’UCPA en juin 2021. Sur ce volet environnemental, l’UCPA travaille avec des associations engagées et des ambassadeurs qui apportent leur expertise auprès des jeunes pour la protection de l’océan ou le tri des déchets.
Quand on m’a proposé de nettoyer la côte, je ne me suis pas posée de questions. J’ai voulu participer spontanément car c’est une bonne action. Évidemment, quand on est jeune, on aime pas ramasser les déchets, encore moins ceux des autres. Les bénévoles nettoient tout et, avec le vent, les déchets reviennent. Ce qu’il faut avant tout, c’est sensibiliser la population à la propreté et au tri.
Pour une demi-journée de nettoyage de la plage, les bénévoles profitent d'une demi-journée d’activité comme du kayak. Manon, ne sachant pas nager, a testé le bodyboard, très accessible pour de premières sensations dans la mousse. Pour elle, l’intérêt n°1 du dispositif De la ville à la mer, c’est de rendre la mer accessible à tous. La saleté d’une plage est un frein important. Pendant ses journées de collecte, elle a rencontré de nouvelles personnes et travaillé en équipe pour organiser le tri.
3/ Un tremplin pour s’orienter
Aïssam a 17 ans et vit dans le quartier de La Castellane. Il participe au dispositif De la ville à la mer depuis 2 ans grâce au partenariat qui lie son association sportive South Winners Taekwondo et l’UCPA. Avant, il n’avait jamais fait d’activités nautiques. Début juillet 2021, il est parti une semaine entière avec ses copains du club au village sportif UCPA de Niolon. Au programme : plongée, kayak, catamaran et voile.
Aïssam s’est porté volontaire pour, à son tour, faire découvrir les activités nautiques et la mer aux jeunes de son quartier qui viennent à la Pointe Rouge dans le cadre du dispositif cet été.
Ils ont entre 12 et 13 ans. Je vais leur faire découvrir l’eau et les mettre à l’aise comme on a fait pour moi la première fois. Dans l’eau, on découvre d’autres choses. J’avais jamais vu de poulpe ou certains poissons avant, et c’est important de voir autre chose.
Aïssam a décidé de s’inscrire pour passer son BAFA avec l’UCPA et devenir animateur.
Dès la rentrée, il va rejoindre l’équipe de Manu, président du club South Winners Taekwondo, en mission de service civique. Pour Manu, l’initiative solidaire De la ville à la mer vient renforcer les actions culturelles du territoire et offre un véritable tremplin aux jeunes.
J’amène des jeunes de La Castellane à la base nautique de la Pointe Rouge chaque semaine depuis 3 ans. Ça fait 150 jeunes par an qui découvrent des activités nautiques. Par ce biais, ils sortent de leur univers, se responsabilisent et trouvent un levier de motivation. Les jeunes sont souvent mal orientés de nos jours. Avec De la ville à la mer, ils voient qu’il y a des débouchés possibles et, surtout, ils apprennent à travailler en équipe.
L’UCPA développe un projet permettant aux jeunes âgés de 16 à 25 ans d’accéder à une formation pour devenir maître-nageur sauveteur ou moniteur d’activités nautiques avec un emploi à la clé à l’UCPA ! Dans quelques cas, les éducateurs UCPA orientent également certains jeunes vers l’association La Touline spécialisée dans l’insertion des jeunes intéressés par les métiers de la mer.
Hicham Torkmani, responsable projet solidarité à l'UCPA rappelle : 'Le dispositif De la ville à la mer réunit de nombreux partenaires de l’action sociale mais aussi institutionnels comme l’ANCV, le ministère des Sports, l’Agence nationale du Sport, l’Agence nationale de la cohésion des territoires, le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, la Métropole, la Région Sud et la ville de Marseille. Sans leur soutien et leur financement, cette action ne pourrait pas voir le jour.'
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