Publié le 18-05-21

L’OMS rappelle régulièrement les risques de la sédentarité pour la santé et souligne que de très nombreux adolescents dans le monde sont loin de suivre les recommandations d’activité physique quotidienne qui permettent d’être en forme.


L’UCPA étant un lieu de découverte et d'initiation au sport pour de nombreux jeunes, cela nous a semblé important de mieux comprendre qui sont les jeunes qui pratiquent peu voire jamais.

L’édition 2020-2021 du baromètre UCPA-CREDOC “Pratiques sportives des 16-25 ans” s’intéresse à eux, à ce qui les freine et à ce qui leur donnerait envie. Il a permis d’identifier 3 grands groupes de non ou peu sportifs qui ont des profils assez différents. Pour adopter ou revenir à une pratique plus régulière, ils n’ont ni les mêmes motivations ni les mêmes attentes.

25% des 16-25 ans sont peu sportifs.


Sur leur temps libre, un quart des 16-25 ans fait du sport moins de deux ou trois fois par mois. Parmi eux, la moitié en fait même moins d’une fois par mois. Les jeunes femmes sont bien plus concernées que les jeunes hommes.

75% d’entre eux faisaient du sport par le passé


Ce qui est particulièrement marquant, c’est qu’une majorité d’entre eux (75%) a connu la pratique régulière, les associations, les clubs. Et près de 7 sur 10 expriment l’envie de faire plus de sport !

Et c’est déjà un premier pas que d’avoir envie. Alors qu’est-ce qui freine ces jeunes ? Qu’est-ce qui les pousserait à reprendre ?

Portraits des 3 principaux groupes de 16-25 ans peu ou pas sportifs.


1. Le groupe des auto-censurés (22% des jeunes peu sportifs)


Ce groupe, qui se compose surtout de jeunes femmes (71%), a une image assez négative des activités, et cette image est liée à leurs expériences passées. Ennui, dévalorisation, fatigue, échec sont les expressions qui reviennent dans leurs propos. Une personne sur deux dans ce groupe dit “je n’aime pas le sport” et complète en ajoutant que le sport n’est par pour elle. Le rapport à leur corps est assez difficile, en raison d’une santé jugée mauvaise, d’un handicap ou d’une situation de surpoids.


Lorsqu’on les interroge sur une pratique plus régulière, elles soulignent le besoin de valorisation, de jeu et de variété pour casser la routine, d’un petit groupe qui leur ressemble et d’un accompagnement bienveillant dans la durée.


'Je peux imaginer faire du sport si c’est ludique. Dans l’idéal, en restant chez moi sans devoir sortir et me montrer aux autres.'

2. Le groupe des très motivés sous contraintes (29% des jeunes peu sportifs)


On compte pratiquement autant d’hommes que de femmes dans ce deuxième groupe. Les jeunes qui en font partie pratiquent un peu plus que les non-sportifs (3 fois par mois). Leur entourage pratique aussi, ils ont souvent un passé très sportif et ils s’intéressent à l’univers du sport dans son ensemble (matchs, compétitions, reportages, matériel…).


Ils ont une vision très positive du sport et de tous ses bénéfices pour la santé, le dépassement de soi, le lien aux autres. Ils ont aussi de bons souvenirs du sport à l’école. Plus de 8 sur 10 veulent faire plus de sport.


Ce qui les freine ? Un manque de temps, trop de travail dans les études ou une activité professionnelle prenante, des contraintes familiales aussi pour certains.


Ce qui faciliterait leur reprise ? Un accès simple, directement sur leur lieu de vie (lieu d’études ou entreprise), des horaires pratiques dans l’organisation de leur vie quotidienne. Sur le plan de l’accompagnement, c’est un groupe qui a besoin de progresser, avec une remise en forme d’abord, puis davantage d’intensité ensuite.


'Avec les cours et mes activités de monteur vidéo le soir, je n’ai plus le temps. Pourtant, faire du tennis me manque vraiment. Si je reprends, je referais du tennis évidemment.'

3. Le groupe des motivés mis à distance (32% des jeunes peu sportifs)


C’est le plus grand groupe et il se compose majoritairement de jeunes femmes (80%). Leur pratique est très occasionnelle, leur entourage est peu sportif, elles ne s’intéressent que de très loin à l’univers du sport et dans leur passé, elles ont peu pratiqué.


Ce qu’elles valorisent fortement et reconnaissent pleinement, ce sont les bénéfices santé et bien-être du sport sur le corps et l’esprit, ainsi que le lien aux autres, la convivialité qu’il permet. Elles partagent un même vécu très négatif et assez difficile du sport à l’école : les mots 'humiliation', 'honte', 'mise à l’écart' ressortent dans leurs propos.


Elles expriment un rejet du sport performance et de la compétition, ainsi que des types d’encadrement qui valorisent ces dimensions. Une pratique régulière pour elles rime avec activités de bien-être, ambiance conviviale, encadrement positif et liens d’amitié pour se motiver.


“Vous comprenez, ce n’est pas très agréable d’être toujours la dernière. Personne ne voulait de moi dans son équipe. Le pire, c’était le basket… Et on jouait souvent au basket. C’était vraiment un moment d’humiliation. Horrible quand j’y pense... Oui, on en parlait avec ma mère et surtout avec mes copines, qui elles aussi restaient sur le banc... Vaut mieux en rire non ?”


Interrogés en entretien qualitatifs début 2021, les membres de ces trois groupes sont unanimes : la crise du Covid les a encore un peu plus éloignés de la pratique, en raison de l’isolement, des contraintes plus grandes encore, des possibilités et occasions de pratiquer plus rares. Mais ils soulignent aussi tous que la crise a eu un effet positif : ils ont vraiment pris conscience et reconnaissent davantage les bienfaits du sport pour le corps et l’esprit.


La motivation et l’envie de ces jeunes sont bien réelles. Tout l’enjeu pour les acteurs du sport est d’aller les chercher et de savoir les accompagner avec des propositions renouvelées et qui leur correspondent.

Cet article a été écrit par Valérie Lourdel, responsable de l’Observatoire UCPA des pratiques sportives des 16-25 ans, en partenariat avec la **bleep**E et l'UNEF.


L’enquête quantitative a été réalisée par le CREDOC début 2020 auprès d’un échantillon de 1000 jeunes de 16-25 ans, représentatifs des jeunes qui pratiquent peu ou pas.

Les entretiens qualitatifs ont été réalisés début 2021.


Un article de Valérie Lourdel